Poison.
J’ai bu suspendue à tes lèvres
Ton poison teinté de folie et d’or,
Tous tes verbes étudiés pour me donner la fièvre
Et me laisser, abandonnée à mon propre sort.
Je suis sortie de la prison de tes bras,
De la noirceur de ton aura,
De ton mal qui, tu le sais, demeurera
Dans mon esprit, sur ma peau et dans mes draps
J’aurais dû voir au fond de tes yeux,
Sonder ton âme et tes mots,
Me méfier de cet impitoyable et dévorant feu
Et imposer mes limites à ton chaos.
Mais Tempête tu as tout arraché de mes mains,
Les idées, les rêves et les envies ;
Tout détruit de ton corrosif venin —
Venu comme meurtrier, tout laissé sans vie.
Dans ta toile, prise au piège, empêtrée, captive ;
J’ai écouté tes mensonges sciemment enroulés dans la soie.
Gluant et malicieux, tu t’es répandu en invective,
Et aurais presque eu raison de moi.
Toi, le Fléau, portant en ton choeur quelques sirènes,
Pour que ceux qui t’écoutent se jettent en ton dedans,
M’a maintenu sous l’eau, sans oxygène,
N’a fait que remuer ta vicieuse langue de serpent.
Mais tel chevalier, face au Dragon, j’ai sorti mon glaive
À choisir entre te battre ou la mort,
J’ai préféré, en mon sein, préserver ma sève.
Et pour toujours fermer cette boîte de Pandore.
J’ai pu boire suspendue à tes lèvres,
Ton poison tinté de folie et d’or,
Mais ce jour enfin, en agonie, je me relève,
Brandissant fièrement ta tête comme un trésor.
02/07/2024